Aux abords des écoles en heure de pointe, c'est souvent compliqué : les parents se sentent en insécurité, mais ce sont souvent eux qui créent cette insécurité. “Nous entendons des parents dire qu'ils emmènent leurs enfants en voiture parce qu'ils ne se sentent pas en sécurité sur les derniers 200 ou 300 mètres, c'est le cercle vicieux” rapporte Jean-Baptiste Gernet, adjoint au maire en charge des mobilités alternatives. L'Eurométropole de Strasbourg a décidé en mars de lancer un plan d'actions pour les mobilités actives, en menant une démarche expérimentale sur certaines écoles avec le cabinet Roland Ribi & Associés. L'idée est de favoriser les déplacements doux et que les habitudes de mobilités actives s'ancrent dès le plus jeune âge.
Une enquête réalisée auprès des enfants de l'école Les Vergers à Illkirch-Graffenstaden, révèle ainsi que la moitié des élèves viennent à l'école en voiture, avec pour 60 % une distance domicile-école inférieure à 800 mètres.
“Nous avons demandé aux enfants comment ils souhaiteraient venir à l'école et la majorité nous a répondu qu'ils aimeraient prendre le vélo ou la trottinette” précise Serge Asensio, chargé de mission des mobilités actives. Seuls 13 % souhaitent venir à pied et 10 % en voiture. Le problème relevé devant les cinq établissements pilotes à Strasbourg, Illkirch, Hoenheim et Schiltigheim : “Nous sommes sur des petites périodes dans des espaces contraints, rappelle Serge Asensio. Même si ce ne sont que 15 ou 20 véhicules qui font bouchon, moteurs allumés, les enfants, qui sont plus bas que les adultes, respirent les pots d'échappement. Sans oublier l'aspect insécurité”.
“CELA APAISE LA RUE”
Dans le quartier de Cronenbourg, à l'issue d'une concertation avec les parents et les enseignants de l'école Camille Hirtz, la rue des Renards a été fermée aux heures d'entrées et de sorties des classes pendant trois semaines, en juin. Impliqués, les parents ont réalisé toute la communication autour de cette initiative pour inciter à venir à pied ou à vélo à l'école. Objectifs : des déplacements plus sûrs en libérant l'espace, des moyens de transport plus actifs, “améliorant le capital santé”, un quotidien plus autonome, “l'apaisement de la circulation automobile doit permettre de rendre aux enfants une plus grande autonomie de déplacement dans leur quartier” et enfin un air plus propre. “Les parents ont installé eux-mêmes la barrière pour fermer l'accès, témoigne Julien Toussaint, parent d'élève. Cela apaise la rue sans voiture”. Et à l'exception d'un riverain, personne ne s'en est plaint. “L'arbitrage pour la fermeture de la rue aux heures d'entrées et de sorties n'est pas définitif mais favorable, précise l'élu. Une réunion de concertation avec les riverains doit se tenir à la rentrée”. Fermer l'accès - temporairement - doit également s'accompagner de mesures incitatives, comme l'installation d'un abri à vélos et à trottinettes, à l'école Camille Hirtz, mais aussi à l'école Saint-Jean qui faisait partie de l'expérimentation et qui pourrait passer en zone 30. À l'école Les Vergers, la commune a ouvert un nouvel accès pour déposer les enfants et libérer ainsi l'espace devant l'entrée principale. “Nous raisonnons aussi en ''paquet de piétons'' afin d'identifier les chemins qu'empruntent les écoliers, poursuit Serge Asensio. Par exemple à Hoenheim, il existe un îlot refuge entre le tram et la chaussée qui est trop étroit pour que l'on puisse traverser en toute sécurité. L'idée est de récupérer un mètre de chaussée pour sécuriser l'endroit”.
DES CHALLENGES INCITATIFS
Afin de motiver les troupes à laisser la voiture pour quelques centaines de mètres, l'Eurométropole de Strasbourg aime aussi les challenges… Et ça fonctionne ! L'opération “Au boulot à vélo” en juin a mobilisé 11 000 salariés et deux millions de kilomètres ont été parcourus ! “Nous avons gagné 500 cyclistes en un mois, se réjouit le chargé de mission. Mais cela implique des mesures d'accompagnements des entreprises comme des salles de douche, l'installation d'arceaux et, pourquoi pas, la mise à disposition de vélos ou des primes…”.
Pour les écoliers, ces aménagements aux abords des écoles s'accompagnent également d'un permis piétons-cyclistes, “qui apprend à près de 800 élèves à se déplacer en respectant le Code de la route, précise Jean-Baptiste Gernet. C'est un vrai permis, en situation réelle, avec un taux de réussite inférieur au Bac”. À la rentrée, cette expérimentation concernera cinq nouvelles écoles de Strasbourg et alentours.